Excursion nature à la découverte du Mont Passot et de Lokobe
Le week-end dernier, nous avons décidé d'aller explorer un peu plus la grande île voisine, Nosy Be. Après une traversée matinale en pirogue, nous avons pris un badjaj (le nom local des tuk tuks jaunes) pour rejoindre la Casa Mofo, sur les conseils de Maria.
Pour bien démarrer la journée après notre rando sous la pluie sur Nosy Komba, nous avons pris un excellent petit déjeuner. J'ai particulièrement savouré un pain aux raisins briochés et moelleux, une gourmandise introuvable sur notre petite île !
Après un coup de téléphone, nous sommes rejoints par Serge, qui sera notre chauffeur pour la journée. Il est le frère d'un chauffeur de taxi qui travaille régulièrement avec Jérôme. Nous voilà donc partis, Thomas, Charlotte et moi en direction du Mont Passot au nord de Nosy Be. Il s'agit d'un des points culminant de l'île, à 320 m d'altitude. Nous traversons les champs d'ylang-ylang à l'odeur suave, en doublant vélos, piétons et même des charrettes tirés par des zébus. La route serpente ensuite sous de grands arbres, des teks. À l'arrivée, nous allons faire un tour à la table d'observation d'où nous voyons les lacs sacrés qui nous entourent, mais aussi Nosy Sakatia.
Nous rejoignons ensuite Guy notre guide pour une rando/visite, qui démarre sur un chemin bordés de teks. Ces arbres au bois très prisé et imputrescible ont une particularité : leur sève est rouge. Les habitants d'ici froissent les feuilles pour teinter meubles et volets.
Avant d'arriver au lac où vivent tranquilles quelques crocodiles, Guy, notre guide nous conta l'histoire du drongo, un oiseau noir de la taille d'un grand merle, dont la tête est surmontée d'une huppe. Selon la légende, un grand incendie s'était déclaré à Madagascar. Dieu demanda aux animaux d'éteindre le feu. Celui qui arriverait à bout des flammes serait récompensé. Tous les animaux se mirent à pied d’œuvre, sauf le drongo qui les observait. Tous travaillèrent dur toute la journée, et les chauves-souris réussirent à la nuit tombée à éteindre l'incendie grâce au battements de leurs ailes. Exténuées, elles allèrent se reposer. Le drongo en profita pour aller voir Dieu et lui dire qu'il était le dernier animal debout et qu'il avait réussi à éteindre le feu. Dieu le félicita et pour le récompenser, lui donna sa couronne et tous ses pouvoirs, dont le don d'imitation et une protection contre tous les prédateurs. C'est depuis ce jour qu'on l'appelle « Roi des oiseaux ». Les chauves-souris, en apprenant la nouvelle se mirent en colère mais Dieu ne pouvait revenir sur sa décision. Comme ce monde ne tournait décidément pas rond, elles décidèrent qu'à compter de ce jour, elles l'observeraient la tête en bas !
Une autre légende raconte qu'un drongo sauva un jour une jeune maman de brigands qui la poursuivait. Elle aperçut sur son chemin l'oiseau, qu'elle suivit jusqu'à une intersection. Elle prit une direction en courant, portant son bébé en pleurs pour échapper à ses poursuivants. Le drongo prit l'autre chemin et imita les cris de l'enfant pour tromper les malfrats, qui empruntèrent la mauvaise route, et perdirent la trace de la jeune femme. Depuis, le drongo est très respecté et apprécié par la population.
La rando se poursuit au milieu des ylang-ylang, jusqu'à une belle cascade, nourrie par les grosses pluies du matin. Nous remontons ensuite à notre point de départ. Il est près de 14h et nous choisissons donc le lieu le plus proche pour déjeuner, un restaurant plutôt haut de gamme nommé « The view ». Il ne démérite pas son nom ! La vaste salle s'ouvre sur un panorama magnifique, qui s'étend jusqu'à la pointe nord de Noisy Be, Andilana. Nous nous régalons d'un pavé de zébu et de frites. La viande est goûtue et fondante, un régal. Même la carte des desserts est fournie ! J'opte pour un sorbet à l'orange quand Thomas se laisse tenter par des profiteroles. Je suis bien surprise de trouver une cuisine aussi élaborée. Les choux sont parfaitement réalisés !
C'est le ventre plein que nous repartons pour le port d'Hellville.Nous avons réservé un bungalow à la pointe de Tafondro, accessible uniquement en pirogue. Sur la route nous sommes surpris par un gros orage — on sursaute quand la foudre tombe sur le paratonnerre non loin de là où nous nous trouvons dans un vacarme effroyable. Les orages sont fréquents ici en fin de journée, et parfois violents. La pirogue est retardée et c'est donc de nuit que nous arrivons chez notre hôte Soa Vola.
Le lendemain matin, nous rejoignons notre guide du jour, Flario et son camarade Angelo. Une pirogue traditionnelle en bois nous attend, à rame celle-ci ! Ce type de pirogue s'inspire de celles qui existent en Indonésie — d'où viennent les premiers habitants de Madagascar. En revanche ici il n'y a qu'un seul balancier.
En l'espace de 20 minutes, nous atteignons une entrée du parc de Lokobe, où nous attendent un guide et un pisteur, chargé de repérer les animaux. Lokobe est en effet un parc naturel, et la dernière zone de forêt primaire sur Nosy Be.
Lors de la rando d'une heure, nous avons ainsi eu la chance d'observer deux espèces de lémuriens, de tous petits caméléons de 4 cm de long et surtout des Uroplatus. Cet animal de la famille des geckos est le roi du camouflage. Positionné sur un tronc d'arbre, il va en imiter le motif de l'écorce et devenir quasi invisible. Au milieu de cette forêt dense et humide,nous avons aussi aperçu un (petit) boa et un manguier vieux de plus de 300 ans.
Nous pagayons de bon cœur pour retourner chez Soa Vola. Objectif baignade et déjeuner copieux, composé de riz à la coco , légumes sautés et de brochettes de crevettes. La cuisine malgache est décidément très savoureuse !